13/04/2010

ITW Julien CARBONE pour E2C


   JULIEN CARBONE
" Le monstre nait de la différence "

Ce photographe plasticien âgé de 31 ans et originaire du Sud de la France expose dans les locaux de la galerie NO/ID* (Toulon). "Exponante !"

L'artiste nous décrypte les nouveaux comportements du langage de l'Homme dans son exposition "Face to Face". Simple, cool, mystérieux, barbu, chaussures vertes, STICK TO MY SIDE (Pantha du Prince), vaisselle, Julien Carbone nous accueille dans son salon de thé "L'arbre à bulles" pour l'interview ELECTROBE2CHAMBRE.


E2C* Comment es-tu devenu photographe ?
JC* Je suis avant tout passionné par l'image. J'ai fait des études de communication et une spécialisation art graphique, photographie. Mon parcours universitaire s'est traduit par des rencontres importantes, qui ont aboutit au travail que je mène aujourd'hui.

Petit, j'ai eu mon premier appareil photo à 6 ans offert par mon père. J'ai tout de suite accroché. J'ai développé la photo loisir avec mon premier Pola que j'ai piqué à ma soeur. A 10 ans, mon premier reflexe que je conserve toujours dans mes tiroirs : un Minolta 3XI. Le reflexe a été l'occasion de maîtriser les techniques de la photographie : lumière, cadrage... et de passer à une photo plus plasticienne que "cartier-bressonnienne" [Bresson = inventeur de la photo vivante (sic)]. C'était avant tout le plaisir de s'amuser avec l'outil !

- Le langage prend la part sur notre âme -

E2C* Comment choisis-tu tes sujets en général ? Quelles sont tes influences ?
JC* Mon point de départ est de repousser le support photographique à ses limites. Et j'ai un goût particulier pour la représentation de l'humain.

Par la 3D, la figure humaine va plus toucher le regardeur, c'est une figure qui offre un éventail de recherche et de complexité. Par effet de miroir, la figure renvoie à nous même (Narcisse).
Aujourd'hui la société tend vers la dépersonnalisation, phénomène globalisé à travers les émotions des personnes. A travers ces images que l'on crée pour identifier le réel, on est dans une représentation du réel. On est dans l'artefact du réel, dans l'interface...
A travers les médias (internet, TV...), on utilise un mode d'expression qui ne passe pas par l'interface du visage, par les émotions. Dans les smileys, on a des symboles signifiant des émotions qui sont dématérialisées dont l'origine n'est pas l'organique mais le langage. Langage qui prend la part sur notre âme. C'est "Ghost in the shell" = l'esprit dans la machine.

Mes influences sont diverses.
En ce qui concerne mes réflexions philosophiques ou culturelles, je citerai "Le passe-muraille" Marcel Aymé, les films "Ghost in the shell" ou "Matrix"... mais aussi Jules Verne. Tout le mouvement post-humain avec Aziz & Cusher, les frères Starn (pour la forme plastique) et les contemporains Olivier Herring et Gwon Osang...


E2C* Parle moi de ton expo "Face to Face" dont l'objet est l'exploration du corps humain et plus particulièrement du visage ?
JC* C'est un travail sur petits portraits. Le nom "Face to Face" est l'idée de mettre face à l'image les regardeurs, les spectateurs...
Dans cette expo, nous avons deux séries : Emoticons, Archib : travail dans la représentation du corps, c'est l'idée de chercher plus la structure que la surface. la problématique du travail renvoie à la représentation de l'écorché qui prend naissance en 1400 [Italie, effervescence de la création] à travers les sciences médicales.

E2C* Quelle vision as-tu de la société ?
JC* Un Homme futur, dénaturalisé, déshumanisé à travers les différents interfaces, les relations qu'il a avec les médias.
Ce n'est pas une critique de la société mais c'est la société, le monstre nait de la différence.


E2C* Si tu devais citer un livre, un film ou un disque important dans ta culture artistique ?
JC* Pour le livre je citerai Popper Karl, A la recherche d’un monde meilleur, Monaco, Anatolia édition du rocher, 2000.
Pour le film, Tron, premier film à utiliser l'image de synthèse.
Et pour la musique, Pantha du Prince que je présenterai comme une construction metaxu [composition hybride du style (sic)] (musique sampling).

E2C* Tu travailles sur quoi en ce moment ?
JC* Jusqu'à maintenant, je travaillais sur l'image que renvoie l'individu sur lui-même en tant que créature.
Aujourd'hui, je travaille sur le monde que l'individu va créer autour de lui pour générer une identité. Un travail porté davantage sur l'interfact que sur l'Homme.



Julien Carbone pour ELECTROBE2CHAMBRE (E2C)

Exposition jusqu'au 30 avril à la galerie NO/ID* (18 rue Antrechaus Toulon)